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Mehdi Belhaj Kacem - Après Badiou

17 Juin 2013 , Rédigé par Christian Adam

Mehdi Belhaj Kacem - Après Badiou

Ambition mégalomane du livre de MBK :

« Il y aura en une page plus d’attaques fatales [..] de la choséité Badiou que n’en comportent tous les pamphlets et les articles hostiles réunis en quarante ans [..] Seuls quelques estomacs bien accrochés pourront se permettre, en pleine connaissance de cause, une telle lecture. » (57-58)

Contre l’esprit universitaire :

« L’antiscolastique doit toujours trouver ses propres moyens de défense, sa martialité, comme je dis souvent, loin qu’il est des fastidieuses nuances logistiques où s’enlisent les conventions universitaires, projection académique de l’hypocrisie grande-bourgeoise, à quoi est condamnée la « pauvre vie » du Professeur qui pontifie. » (59)

Sur l’histrionisme de Zizek :

« Zizek, ce champion typiquement universitaire de l’histrionisme sans conséquence [..] Montrez-moi, dans les quatre livres qu’il sort par au ryhtme d’une lessiveuse, un seul concept dont on puisse dire : « Ça c’est du Zizek ! » ? [..] Zizek n’est, dans la plus classique tradition universitaire, qu’un récitateur de génie, en slammeur intarissable des trouvailles d’autrui, qui n’ajoute jamais rien à ses couper-coller citationnels ; sa vigueur hystérique, proprement inextinguible, de la citation universitaire pointue, n’en profite jamais pour produire sur l’entrefaite un seul concept qui soit de son cru.» (60)

Badiou, en tant que « chéfaillon gauchiste » :

« Je m’honore d’être le tout premier à être entré au plus près du sillage de Badiou sans en être ressorti broyé, comme tous et toutes les autres. J’ai survécu à ce Cthulhu psychologique, qui utilise son génie philosophique à seule fin d’assouvir ses pulsions tentaculaires de chéfaillon gauchiste vieux de la vieille. Qui n’a dirigé, dans une ombre où lui seul ne voyait que du feu, son insignifiante « Organisation politique » que pour expérimenter ses talents psychologiques de la domination, dans le seul intérêt de son travail conceptuel, et du monument qu’il comptait bien, sur ce charnier virtuel, s’ériger à lui-même en fin de carrière, et nous refaire le mythe de la caverne à l’envers. » (67)

Portrait de Badiou en « souris chétive » :

« Ne me parlez plus de politique à propos de Badiou : jamais personnage n’aura songé aussi creux derrière ce mot. Jamais l’application scolaire à imiter, dans l’éternel jardin d’enfants du scolasticat, tous les grands génies politiques de son temps, n’aura accouché d’une souris aussi chétive, d’une inexistence historique aussi criante, voire criarde, dans l’enfilage de mouches groupusculaire qui se la raconte « héroïque », et, dans cette excellente lancée, d’une somme de bêtises autosuggestives qui font paraître intelligente même la bureaucratie albanaise. » (68)

Badiou, révolutionnaire de cabinet :

« Laissons-le disséquer, dans son bureau Cosy, les joyeusetés de la Révolution culturelle comme un livre de topologie algébrique, sans avoir jamais mis les pieds en Chine ; ou se vanter, fort de ses quelques histoires, de sa lecture de Lacan et de « photos de femmes en porte-jarretelles », comme il dit lui-même, d’être celui qu’on ne dupera jamais en matière de semblant féminin. » (73)

Badiou, la putain respectueuse :

« Il ne voit partout qu’opportunistes, nihilistes et petit-bourgeois, bref putanat universel irrespectueux et irrespectable. Il se considère comme la seule Respectueuse Intouchable du Marché, miraculeusement immunisée, par la seule auréole de son génie immortel, contre tout soupçon de prostitution douce que pourrait bien constituer sa compulsion médiatico-éditoriale de fin de carrière. » (91)

Badiou, fonctionnaire des Idées pures :

« Le fonctionnaire appert ici sous son vrai jour caricatural : celui du philosophe-bureaucrate, collectionnant les « Idées pures » comme un philatéliste bigleux. Il joue au dur pour la galerie, afin de masquer ce que sa philosophie tient foncièrement du conditionnement grand-bourgeois frileux ; il nous la joue bénévolat des vérités et des formes « épurées », afin de masquer son fondamental dégoût de tout ce qui est. Le jeune sartrien Badiou n’a jamais réellement dépassé le stade de la nausée ; le monde n’a jamais cessé de l’indisposer, et sa « philosophie » n’est que l’igloo douillet de qui ne supporte pas la température ambiante, quelque climat qu’il habite, et en rabat sur le « prescriptif » toujours à nouveau sans effet, que celui de brandir le Signe qui distingue le Bourgeois de la vulgaire mêlée. » (103)

« Petit-bourgeois », mot purgatif chez Badiou :

« Petit-bourgeois : sachons gré à ces deux mots, qui sont notre clinamen, le big-bang scato-métaphysique par quoi tout commence. Ah ! Quel prodige que ces deux mots, petit-bourgeois ! Quelle bonne et hygiénique débourre ! Quel lavement indolore, quelle purge cathartique, ou plutôt cacathartique ! Comme, à nouveau, on se sent bien ! Une fois qu’on les a prononcés, on est à nouveau rassurés sur l’essentiel : nous sommes à nouveau entre nous. Boudiou que c’est bon ! Avec ces deux mots magiques, Badiou a le droit de réaliser son vœu le plus secret et le plus cher : ne plus penser du tout. Dodo ! De même que « toutes les femmes sont hystériques », et qu’il ne « faut pas se laisser prendre par leur semblant », de même tout ce qui est décrété « petit-bourgeois » est anéanti par le seul verbe du Génie immortel… » (107)

Badiou le grandphilosophe :

« Ah ! Qu’il est tout confort, le fauteuil Louis XIV du « platonisme » ! Ça permet de se prendre pour ce qu’on n’est pas : un grand dirigeant politique tous terrains, dont le statut de grandphilosophe n’aura jamais été, par une volonté d’omnipotence infantile, qu’un très amer lot de consolation. Et c’est nous qui sommes, sincèrement, tristes pour lui, tristes pour l’homme : celui qui surjoue comme une hystérique de Charcot son contentement philosophique de soi, parce qu’au fond la vie philosophique ne l’a jamais contenté, sinon supplémentée du phantasme acnéique de l’omniscience politique. » (130)

Badiou, plus nihiliste que le « nihilisme démocratique » qu’il prétend combattre :

« Le nihilisme idéologique qui affecte les démocraties occidentales ne tient qu’à cette mauvaise conscience de vivre sur le dos des pays démunis : mais Badiou lui-même croit en indiquer l’issue, la dictature pseudo-égalitaire dictée par un seul, alors qu’il est profondément complice du statu quo historique des démocratiques nihilistes. Il fait leur jeu en reflétant leur mauvaise conscience historique misérabiliste voulue, l’idéologie même du nihilisme démocratique, par la misanthropie de sa « pauvre vie » de bourgeois besogneux et puritain, dont la « grande vie » se réduit à prendre l’avion pour des conférences. Il est parfaitement déterminé à ce qu’on n’en sorte réellement jamais : ce qui permettra à lui, et à tous ses suiveurs, d’uniquement gesticuler une microscopique gauche d’opposition et de protestation, où tout est partout et toujours condamné sans appel, sans qu’on suggère la moindre porte de sortie aussi peu concrète que possible. » (133-134)

Puritanisme de Badiou exécrant la « libération sexuelle » :

« La libération sexuelle, quand bien même jugulée, dans la circulation capitaliste, ce qui est normal tant que durera cette dernière, est une excellente nouvelle pour l’humanité : un événement de toute première importance, là où la mascarade manipulatrice chinoise n’est bonne que pour la misanthropie psychotique de qui pontifie sur les travaux forcés devant son café-croissant au Select, sans que le ridicule l’ait jamais tué d’indigestion. Ce n’est pas la « pornographie », comme forme marchande de la liberté sexuelle, qui indispose le puritanisme de Badiou, puisque tant que durera le capitalisme, tout sera tenu sous la forme-marchandise, à commencer par Badiou lui-même, de flambées éditoriales en massages de nombril télévisés. C’est la liberté sexuelle elle-même, d’où ses grands airs méprisants quand il parle aussi bien de Sade que de « la » pornographie contemporaine qui « abrutit », croit-il, la jeunesse qu’il ne connaît que par le Journal. » (138)

La mathématique de Badiou :

« D’un côté il nous dit que la mathématique est sublimement innocente, désintéressée, immaculée, qu’elle n’a aucun rapport avec les ravages de la technique, etc. ; de l’autre, qu’elle va servir, demain, de Rasoir Maousse pour égorger les pourceaux rétifs à Pol Pot [..] espérant fourguer ses préjugés bourgeois au nom d’une « éthique » fantôme, qui rafistole « fonctions d’apparaître » et « pets de nonne ». Et parce que sa philosophie est la plus caricaturalement moralisatrice des cent cinquante dernières années tout en prétendant le contraire, elle embobine son monde dans tous les « longs détours » cousus de fil blanc, avec la science sciemment culpabilisatrice du pervers puritain. » (144)

Badiou ou la montgolfière des concepts :

« On s’installe dans ses « concepts » comme dans le sofa d’une montgolfière, et on est bien ! Mais alors, qu’est-ce qu’on est bien ! Ah ! Ce n’est pas permis, d’être aussi bien, d’avoir aussi impunément raison sur tout ! La petite paranoïa du meneur groupusculaire révèle ici sa pleine utilité : que personne ne vienne déranger l’autocongratulation continue. L’écologie, la bombe atomique, les déchets nucléaires, la pollution mondiale dont ne pâtissent que les pauvres, ce qui en dit long sur le « marxisme » de qui n’a jamais vécu, fors ses barouds de pur prestige en usine et en foyers, qu’en appartement cossu et en campus, la condition planétaire des femmes, la torture technologique planétaire, la famine, la mort éternisée en laboratoire ou batterie, la manipulation du vivant et autres bagatelles ? Pouf ! Un petit coup suffira à réduire ces balivernes en poussière, madame la Marquise ! Vérité po-si-ti-ves, vous dis-je ! Pas de communauté d’essence entre la mathématique et les atrocités planétaires, voyons ! Rien à dire aux carnages collatéraux des politiques-de-vérité, chéri ! Motus ! On est trop bien ! » (150)

Le manque de recul de Badiou :

« C’est ça le signe qui ne peut tromper du « sinthomme » Badiou : il a une distance pharaonique par rapport à beaucoup de choses, peut-être même par rapport à toutes ; mais aucune par rapport à lui-même, ce qui achève le parcours dans le ridicule sans appel. En plus de l’impuissance que répand, avec un cynisme pervers, le ressentiment cancérigène né de sa totale faillite existentielle comme « dirigeant politique », Badiou joue le jeu du nihilisme démocratique en acceptant de figurer au casting sous les traits du Misanthrope antidaté de Molière. » (159)

L’humour d’Alain Badiou :

« Le style humoristique de Badiou ne pèche pas seulement par le goût douteux qu’on a vu ; après tout, un créateur de génie, de Rabelais à Ligeti, peut tout à fait nous faire rire avec du cosmologique pipi-caca-prouti-prouta. L’humour de Badiou pèse comme du plomb parce qu’il est fondamentalement emprunté : c’est celui du grand-bourgeois qui n’arrive pas à s’encanailler, et trinque au Picon-bière avec les voisins de table en crissant du dentier. Chez Badiou, tout est littéralement emprunté, à commencer par le logico-mathématique qui constitue la colonne vertébrale de sa pensée : toute sa « philosophie » est au final une pénible armature de prothèses, qui font tenir debout tant bien que mal le corps flaccide qui se cache derrière. » (199)

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