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Pascal Bruckner - Le fanatisme de l’Apocalypse

28 Décembre 2014 , Rédigé par Christian Adam

Pascal Bruckner - Le fanatisme de l’Apocalypse

« Le globe devient le nouveau prolétaire qu’il faut sauver de l’exploitation. » (29)

« Qu’est-ce que l’écologie ? Une querelle immobilière dans un immeuble surpeuplé. » (31)

« À la longue liste des victimes emblématiques, les Juifs, les Noirs, les esclaves, les prolétaires, les colonisés, se substitue peu à peu la Planète, devenue le parangon de tous les misérables. C’est elle la Réprouvée absolue. » (32)

« Le défaitisme est aussi la résidence secondaire des peuples privilégiés, le soupir de gros chats ronronnant dans le confort.» (81)

« Sonner l’alarme, c’est réenchanter la routine sous le sceau du péril. » (82)

« Notre époque témoigne d’un narcissisme de la malédiction qui l’arrache à son insignifiance et en réaffirme la centralité : en se désignant comme damnée, elle ne fait que souligner sa singularité au moment où elle se déprécie en apparence. Quel soulagement de savoir que nous ne vivons pas une petite province du temps mais dans l’instant historique où le temps lui-même va être englouti ! Quelle présomption et quelle naïveté de croire que nous nous tenons au sommet de l’histoire ! Cet abaissement de soi est une forme d’orgueil. À défaut d’être les meilleurs, nous sommes encore les pires. Derrière leurs lamentations, les catastrophistes sont gonflés de suffisance. » (94)

« L’Apocalypse devient pour ses partisans notre seule chance de salut [..] nos Sinistres espèrent que nous allons toucher le fond pour nous réveiller [..] Le prophète n’est pas cette grande âme qui nous met en garde mais ce vilain petit monsieur qui nous souhaite beaucoup de malheurs si nous avons l’outrecuidance de ne pas l’écouter. La catastrophe n’est pas sa hantise mais sa jouissance. Il ne lui suffit pas de nous inonder d’analyses noires et de constats désespérés ; du fond de son amertume, il veut convaincre, gagner des disciples. Il prend son désenchantement très au sérieux. Le désastre fascine certains esprits car il a un effet d’éclaircissement : il coupe l’histoire en deux, l’arrache à l’indétermination du quotidien où les choses ne sont ni tout à fait bonnes ni tout à fait mauvaises. Plutôt le chaos que l’indécision. » (96-97)

« Notre époque est remplie de Léon Bloy qui se frottent les mains en attendant le Déluge [..] D’excellents esprits ont beau introduire de la nuance, de la réfutation, nos courtisans du Jugement dernier ne veulent rien entendre. » (98)

« Nos vertueux inquisiteurs proposent ce concept inédit : la débine dans la bonne humeur [..] il est plus exaltant, quand on doit rogner sur tout de se dire qu’on collabore ainsi au sauvetage de la planète. De l’art et de la nécessité d’insérer la pingrerie individuelle dans l’altruisme cosmique [..] Il s’agit de transformer la nécessité en libre choix. Les Verts sont aussi les adaptateurs de la nouvelle donne économique qui permet à une minorité de nantis de décupler leur fortune tandis que les autres doivent se serrer la ceinture. Ils entérinent la situation de blocage des jeunes générations qui n’ont plus l’assurance de vivre mieux que leurs parents et doivent se résigner à cette infortune. » (215-216)

« Les Sinistres [les décroissants] veulent se parer des attributs du fou rire, de la gaieté pour masquer la peste ascétique dont ils sont les propagateurs ! Mystère de la transsubstantiation ! Vous manquerez de tout, vous vivrez chichement mais vous connaîtrez une bouffée de béatitude et contribuerez à combattre le réchauffement climatique Il y a une griserie de l’ascèse, une volupté de se priver et de tenir avec le strict minimum. » (217)

« Une partie de l’humanité a goûté aux fruits du confort ; les lui soustraire brutalement aux fins d’une hypothétique élévation culturelle est d’une grande naïveté ; on aura la pénurie plus l’inculture. » (262)

« Seul un surcroît de recherches, une explosion de créativité, un saut technologique inédit pourront nous sauver [..] Il faut transformer la raréfaction des ressources en richesse des inventions [..] C’est une porte étroite mais c’est la porte du salut. Il faut parier sur le génie de l’espèce humaine, capable de dompter ses peurs pour improviser de nouvelles solutions.» (274)

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